LA VALSE DES CONTINENTS "Amérique du nord"
- Depuis sa formation, notre planète ne cessé de se transformer.
Des collisions inouïes ont créé les continents.
Des forces ont soulevé des planchers océaniques, qui sont devenus des montagnes grandioses.
Ces mouvements à la surface de la Terre se manifestent encore à coups d'éruptions, de séismes ou de tsunamis.
La tectonique sculpte nos paysages, modifie le climat, déplace les océans et peut même influencer le monde vivant.
Pendant des millions d'années, des fragments de croûte terrestre s'assemblent puis se déchirent.
Aujourd'hui encore, le continent est marqué par ce passé.
Des cratères fumants jusqu'aux montagnes escarpées, les spécialistes sont en quête de ces indices cachés.
Sous leur regard, chaque roche devient un livre ouvert sur l'Amérique du Nord.
Un témoignage exceptionnel de l'incessante valse des continents.
A sa naissance, il y a 4,6 milliards d'années, la Terre est une énorme boule de lave.
Puis elle se refroidit et des plaques s'agrègent, formant les 1ers fragments de croûte terrestre.
S'écrit alors le 1er chapitre de l'histoire du continent nord-américain.
A Montréal, à l'est du
Canada, un chercheur étudie les vestiges de cette enfance de notre planète.
Le Pr
Don Francis travaille au département des sciences de la Terre de l'université McGill.
Chaque jour, il sillonne le centre historique pour rejoindre son laboratoire.
Un terrain d'étude rêvé pour le géologue.
Car le Québec est recouvert à 90% par ce qu'on appelle un "
craton": un fragment de croûte terrestre n'ayant pas changé depuis des milliards d'années.
Les roches qui affleurent ici ne sont pas les plus vieilles.
Mais pour le chercheur, chacune est susceptible de raconter un épisode de l'histoire nord-américaine.
- Toutes ces roches sont beaucoup plus récentes que celles du craton, qui datent normalement de 2,7 milliards d'années.
On a découvert une zone où les roches ont 4,3 milliards d'années.
Très anciennes, elles nous donnent des informations intéressantes sur cette période.
La présence de lave en coussins indique qu'il y avait un océan.
Alors, la
Lune se faisait bombarder par des météorites.
Tous les cratères de la Lune ont été formés à ce moment-là.
Le même phénomène a dû se produire sur Terre.
Imaginez: un environnement marin avec des météorites qui tombent.
C'est plutôt inhabituel.
- Ces roches, âgées de 4,3 milliards d'années, ont été découvertes au nord du Québec par Don Francis.
Cette annonce a fait grand bruit parmi les scientifiques.
Il s'agirait en effet des roches les plus anciennes jamais découvertes.
L'étude de leur structure ouvre une fenêtre inédite sur l'environnement qui régnait sur la Terre primitive.
Les géologues doivent encore confirmer l'âge de la roche de façon ferme et définitive.
Pour y parvenir, ils cherchent des traces d'un minéral dans le granit, le zircon.
Il a la particularité d'être très stable et de contenir des traces d'uranium qui, au fil du temps, se transforme en plomb.
En déterminant les proportions de plomb et d'uranium dans le zircon, on peut calculer l'âge exact de la roche qui le contient.
Découpés en tranches ultrafines, les échantillons révèlent leur structure intime.
- Voici l'un de ces granits.
En noir avec le filtre, sinon il est transparent.
C'est comme ça qu'on les identifie.
Jusqu'à récemment, dataient de 3,8 milliards d'années.
Beaucoup de chercheurs retournent dans les quelques zones 3,8.
Il n'y en a pas beaucoup.
Ils y retournent pour trouver la même anomalie que nous et savoir si ces roches très anciennes existent ailleurs.
- Tous les jours, Don enseigne l'histoire du craton canadien à ses étudiants.
D'autres analyses sont nécessaires pour confirmer l'âge de 4,3 milliards d'années.
Si les résultats sont confirmés, s'ajoutera aux cours un chapitre sur la naissance du continent nord-américain.
Par la suite, les fragments de croûte terrestre dispersés sur le globe se déplacent et se combinent.
En s'entrechoquent, ils créent des montagnes.
En se déchirant, ils creusent des mers et des océans.
Puis, il y a 500 millions d'années, les masses continentales du Nord commencent à se rapprocher.
Elles entrent peu à peu en collision avec l'Afrique.
Et, près de 100 millions d'années plus tard, un vaste supercontinent se forme: la Pangée.
Aujourd'hui, le paysage raconte cette naissance, épisode majeur de l'histoire américaine.
Au sud-est du Canada, dans la province de Nouvelle-Écosse, la ville de Parrsboro est non loin des
Appalaches, une chaîne de montagnes née
au moment de la collision Amérique-Afrique.
Paul Olsen, géologue à l'université de Columbia, connaît la région par coeur.
Il parcourt les côtes en quête d'indices sur l'histoire de la Pangée.
- Nous sommes en Nouvelle-Écosse, sur la côte est du Canada.
Il y a 300 millions d'années, l'Amérique du Nord et l'Afrique sont entrées en collision ici, formant la Pangée.
On est au coeur de l'action.
Voici un dessin.
Ca, c'est l'Amérique du Nord.
Elle se déplace par là.
Et ça, c'est l'Afrique.
Elle glisse en dessous de l'Amérique du Nord.
Lorsqu'elles entrent en collision, ça forme une chaîne de montagnes énorme: les Appalaches.
- Sorti de terre le massif des Appalaches s'étire aujourd'hui
Véritable archive géologique à ciel ouvert, il prouve qu'autrefois, Amérique et Afrique ne formaient qu'un seul et même territoire.
- La collision entre ces deux plaques a été particulièrement violente.
Les couches de roche qui étaient horizontales ont été soulevées et déformées.
Elles n'ont plus grand-chose à voir avec les roches d'origine.
On trouve les mêmes en Afrique.
En fait, environ 50 millions d'années plus tard, les plaques nord-américaine et africaine ont commencé à s'effondrer.
Ce faisant, l'Afrique s'est progressivement éloignée
La croûte a commencé à s'amincir et à s'affaisser, formant un gigantesque bassin d'effondrement.
Finalement, l'océan Atlantique s'est formé
- L'ouverture de cet océan marque la fin de la Pangée.
Mais cet éclatement ne se fait pas en douceur: les continents s'écartent et la Terre se fissure de toutes parts.
Dans les interstices, des quantités astronomiques de magma remontent des profondeurs.
Des éruptions volcaniques massives se succèdent alors pendant plus de 600 000 ans.
- La faune et la flore étaient différentes selon les endroits.
Il y avait ici une biodiversité incroyable.
Les cousins des crocodiles régnaient.
Mais lorsque l'Amérique du Nord et l'Afrique se sont éloignées, de la lave a jailli sur une zone très étendue.
Les gaz libérés alors ont entraîné des changements climatiques qui ont tué la plupart des cousins des crocodiles.
Ce vide a permis aux dinosaures de se développer.
Ils ont envahi toute la planète.
C'est là qu'a véritablement commence l'ère des dinosaures.
- Il y a 200 millions d'années, la tectonique des plaques a entraîné une extinction massive d'espèces.
La moitié de la diversité biologique disparaît, laissant la place aux dinosaures.
Ces derniers commencent à régner sans partage sur toute la planète.
Le long des rivages de la Nouvelle-Écosse, quelques fossiles sont encore visibles, comme ultime témoignage de leur domination passée.
Mais beaucoup plus à l'ouest, à l'intérieur des terres, ces géants du crétacé ont laissé d'autres indices de leur passage.
Dans la province de l'Alberta,
Drumheller abrite le
Royal Tyrrell Museum, le plus grand musée dédié aux dinosaures.
Ici sont rassemblés les squelettes de centaines de spécimens de plus de 35 espèces différentes.
François Therrien est paléontologue.
Il étudie l'environnement et le mode de vie des dinosaures du crétacé.
L'Alberta est son principal terrain d'enquête.
La majorité des fossiles exposés au musée proviennent d'ici, de ce qu'on appelle les "badlands", "mauvaises terres".
Cette vallée, au décor presque lunaire, dessine une longue cicatrice.
Elle s'est formée il y a 100 millions d'années.
Alors, le visage de l'Amérique du Nord était bien différent de ce paysage spectaculaire.
- Il y a environ 180 millions d'années, une zone de subduction se développe à l'ouest.
Des fragments de croûte s'élèvent et s'appuient sur le continent nord-américain, qui commence à s'affaisser, formant au milieu une grosse dépression.
Au cours des millions d'années suivantes, des changements du niveau marin firent que la mer envahit le centre du continent,
développant une grande mer intérieure.
Au cours des années, le niveau marin a fluctué, formant de grandes plaines côtières de part et d'autre de cette mer, et ces zones étaient peuplées
par des dinosaures.
- Enfouis sous les sédiments, les squelettes des reptiles ont traversé le temps et réapparaissent en parfait état.
- Salut, tout le monde.
Comment ça va ?
- Quelque chose de neuf? Un crâne ou autre ?
A la fin, on peut dire que la tectonique est responsable de la formation des grandes plaines, mais aussi des conditions idéales de
préservation pour les os de dinosaures qu'on trouve.
Alors que la croûte s'affaissait, des rivières s'écoulaient, inondaient les plaines d'alluvions et ensevelissait tous ces animaux.
C'est grâce à la tectonique qu'on peut admirer ces os.
- Inlassablement, les chercheurs continuent chaque année d'exhumer de nouveaux ossements.
- Donc ici, on voit... C'est un os qui sort de la roche, c'est l'épine dorsale d'un dinosaure à corne, d'un cératopsien.
- Ces fossiles permettent d'améliorer sans cesse nos connaissances sur l'histoire des grandes plaines, nées au coeur du continent
il y a 100 millions d'années.
Mais un peu plus à l'ouest, l'âge des dinosaures est marqué par un autre phénomène géologique.
Le continent dérive lentement et entre en collision avec des fragments de croûte continentale dispersés sur l'océan,
qui viennent se souder à la plaque nord-américaine.
C'est ainsi qu'apparaissent les 4 Etats les plus à l'ouest, le Nevada, l'Oregon, la Californie et Washington.
Allen Glazner, géologue en Californie, étudie l'histoire de ces collisions, qui ont donné à l'Amérique du Nord ses contours définitifs.
Il mène ses recherches au coeur du parc de
Yosemite.
Avec ses montagnes, ses lacs et ses chutes d'eau, c'est l'un des plus beaux de tous les Etats-Unis.
Il résulte de la rencontre avec les futurs Etats de l'ouest.
Les collisions ont entraîné un plissement de la roche et de violentes éruptions volcaniques.
Du magma est remonté des profondeurs, et en refroidissant, il a formé ces dômes de granit.
- Si on avait pu voir la côte ouest de l'espace, avant l'éclatement de la Pangée, on ne l'aurait pas reconnue.
La majeure partie des 4 Etats actuels était submergée.
Puis, avec la subduction, le continent a bougé vers l'ouest.
Et tout à coup, il s'est mis à s'agrandir.
Si on observe attentivement, plusieurs indices révèlent comment il s'est formé.
Des poches de magma sont remontées, ont refroidi et se sont cristallisées.
Ces "
dykes", qui sont apparus plus tard, illustrent bien le phénomène.
Le magma s'est presque entièrement cristallise, puis il s'est fissuré.
Et de la roche encore liquide s'est infiltrée dans les fissures.
- Ces filons de roche, appelés "dykes", sont la preuve d'une intense activité volcanique passée.
Le magma venu des profondeurs s'est faufilé dans les fissures jusqu'à la surface.
Autrefois, le parc de Yosemite, comme tout l'ouest américain, se trouvait au large des côtes, au milieu du Pacifique.
Lorsque les morceaux de croûte se sont percutés, ils se sont fondus en un seul continent.
Tout autour, ces collisions ont fait sortir de terre la plus haute chaîne de montagnes de Californie, la
Sierra Nevada,
qui s'étire sur 700 km du nord au sud.
Sur le terrain, A. Glazner analyse sans relâche les indices du passe, pour retracer en détail l'histoire géologique de la région.
Aujourd'hui, il rejoint un étudiant au pied de la falaise
El Capitan.
Ici, la paroi granitique s'élève sur plus d'un kilomètre de haut.
- Roger, comment ça va ?
- Ça va.
Regarde, tu en dis quoi? Le noir, c'est quoi ? De la
biotite ?
- Oui, c'est tout ce que j'identifie.
- Oui.
C'est joli.
- Tu devrais en prendre un échantillon.
Si tu n'en as pas déjà.
- Oui, je n'en ai pas encore prélève ici.
- Aujourd'hui, le plus haut sommet de la Sierra Nevada culmine à 4 400 mètres d'altitude.
Mais ce n'est qu'un pâle reflet du massif colossal d'autrefois.
Pendant des millions d'années, l'eau, le vent et la glace ont dégradé la roche.
Depuis le sommet du
Half Dome, Allen contemple le résultat de cette lente érosion.
est désormais une succession de vallées et de montagnes aux cimes arrondies.
- La Sierra Nevada s'est formée il y a environ 90 millions d'années.
Cet endroit se trouvait à 10 km sous la croûte terrestre.
Au-dessus, il y avait une chaîne de volcans et une zone de subduction.
Imaginez une plaque qui plonge à 45 degrés.
Je vais vous faire un schéma pour que ce soit plus clair.
Lorsque la plaque qui subducte atteint la profondeur de 100 km, des réactions chimiques produisent du magma.
Moins dense, il va vers le haut.
Il atteint la surface, s'accumule et jaillit par les cratères, en lave.
Des cendres volcaniques sont éjectées.
Une partie du magma reste piégée dans la croûte, à 10 ou 20 km de profondeur.
Lorsqu'il refroidit et durcit, il devient du granit.
Donc l'érosion a fait disparaître les couches supérieures
- Les paysages somptueux racontent très bien l'évolution permanente des continents.
C'est à partir d'ici qu'il y a 100 millions d'années, l'Amérique du Nord s'est agrandie par l'ouest.
A la même période, un autre phénomène se déroule un peu plus à l'est.
Une autre chaîne de montagnes sort de terre: les
Rocheuses.
Ce massif s'étend du Nouveau-Mexique au nord de la Colombie britannique.
Les Rocheuses et la Sierra Nevada, formées à la même période, ont intrigué tous les géologues.
La plupart des chaînes montagneuses naissent à la lisière des plaques en collision.
Dès lors, comment expliquer à l'intérieur des terres ?
Une hypothèse se dessine enfin.
Il y a environ 80 millions d'années, une plaque se glisse sous le continent.
Mais au lieu de plonger à 45 degrés, comme habituellement, elle se faufile plus près de la surface.
Résultat, les roches n'atteignent pas une profondeur suffisante pour fondre sous l'effet de la chaleur.
La plaque bouscule la croûte terrestre, faisant émerger les montagnes Rocheuses.
Tous les détails de cet évènement ne sont pas encore élucidés.
Mais il semble que les Rocheuses aient pour origine une anomalie géologique.
Une plaque aurait refusé de s'enfoncer.
Adossée aux Rocheuses, une autre région subit les colères de la Terre depuis des milliers d'années.
Il s'agit du parc national de
Yellowstone, dans l'Etat du Wyoming.
Henry Heasler est le géologue du parc.
Chaque jour, il sillonne cette immense réserve naturelle.
Sa mission: surveiller le monstre qui sommeille sous la surface, un supervolcan à la puissance démesurée.
Pendant des années, les spécialistes ont tenté de comprendre l'origine de ce supervolcan.
Ils ont découvert que le parc était situé sur ce que l'on appelle un
point chaud: des zones où, sous la surface, une température
élevée règne en permanence.
D'énormes quantités de magma remontent alors des profondeurs et s'accumulent dans une poche à des centaines de km sous terre, que l'on appelle un panache.
Expulse, ce magma perce la croûte terrestre et un volcan apparaît.
Mais, tandis que la plaque dérive au-dessus de lui, le point chaud ne bouge pas.
Il imprime donc sa marque à intervalles réguliers à la surface du sol.
Au cours des 2 derniers millions d'années, la région a connu trois éruptions majeures.
La dernière remonte à 642 000 ans: accumulée sous l'écorce terrestre, la lave a crevé son enveloppe et projeté des tonnes de roche en fusion,
de cendres et de vapeur sulfureuse.
- Lorsque la matière jaillit avec force, non pas sous forme d'explosion,
mais comme si elle s'échappait à travers les fissures en surface, ça crée ce qu'on appelle une caldeira, une dépression circulaire.
En voici un parfait exemple: la caldeira commence là où je me trouve et s'étend sur 72 km derrière moi, recouverte de coulees de lave plus récentes.
- Au coeur du parc national, la caldeira forme une cuvette de 72 km de long et 56 km de large.
C'est tout ce qu'il reste de cette explosion dévastatrice dans l'histoire de la Terre.
Mais aujourd'hui, le supervolcan est loin d'être éteint.
La terre gronde constamment.
Les geysers, fumerolles et autres sources chaudes jalonnent le paysage, témoins de l'intense activité sous la surface.
Le volcan assoupi est potentiellement le plus destructeur de toute la planète.
- Les super éruptions de Yellowstone ont eu des conséquences catastrophiques sur plusieurs centaines de km autour du parc actuel.
Aucune forme de vie n'aurait survécu à des éruptions d'une telle force.
Les nuées ardentes, les coulées de lave, les nuages de cendres produits, les cendres volcaniques et gaz volcaniques rejetés dans l'atmosphère
et qui ont enveloppé la Terre entière...
Tout ça a entraîné un hiver volcanique qui a touché le monde entier.
- Depuis de longues années, le supervolcan de Yellowstone est sous étroite surveillance.
Le centre de contrôle est basé à environ 500 km de là, au sein de l'université de Salt Lake City, dans l'Utah.
Jamie Farrell est géologue.
Sa mission : analyser les moindres soubresauts du volcan, grâce à un réseau de capteurs qui mesurent les déformations du sol.
Il a reconstitué le passé du monstre et modélisé la chambre magmatique qui l'alimente.
- Voici l'outil de visualisation des données enregistrées à Yellowstone.
Si je désactive la topographie et que j'affiche les séismes, tous ces points rouges, je peux faire pivoter la carte et regarder
ce qui se passe sous terre.
Voici les séismes depuis 1973 à aujourd'hui.
Il y en a eu environ 46 000.
Pour se faire une idée un peu plus générale, on peut ajouter le panache.
C'est cette masse jaune orangé.
Pour faire simple, c'est le point chaud de la région, ce qui fournit la chaleur qui remonte du manteau pour alimenter les volcans.
On le voit bien.
Il s'est manifesté à la surface de la Terre il y a 16-17 millions d'années, dans le Nevada et l'Oregon actuels.
On peut suivre le déplacement de la plaque nord-américaine par rapport à lui.
L'ouest des USA continue de s'étirer.
La croûte s'étire et s'amincit.
C'est pour ça que le point chaud est ici.
La croûte est tellement fine qu'il a réussi à atteindre la surface.
- Quelque 3 000 séismes de faible magnitude secouent chaque année la région.
La terre tremble, le sol se déforme, la composition des gaz évolue.
Mais pour les spécialistes, il n'y a pour l'heure aucune preuve d'une éruption imminente.
- Le changement, c'est dans l'ordre des choses, ici.
Les tremblements de terre, déformations, phénomènes géothermiques, gaz... il est très difficile d'évaluer la probabilité d'une éruption
catastrophique, car il n'y en a eu que 3 en 2 millions d'années.
La probabilité ressemble à celle d'une collision fatale d'astéroïde avec la Terre.
Si vous craignez cela, craignez aussi une éruption catastrophique à Yellowstone.
- Prévoir l'imminence d'une éruption reste très difficile.
Dans le futur, le supervolcan explosera sans doute de nouveau.
Mais personne n'est capable de savoir quand.
Un autre phénomène de grande ampleur est en cours.
Une balafre immense déchire l'ouest du continent nord-américain.
Baptisée "
faille de San Andreas", elle s'étend sur 1 300 km, le long de la Californie.
A cet endroit, la plaque Pacifique remonte vers le nord-ouest et la plaque nord-américaine descend à l'opposé.
Résultat, les deux fragments de croûte terrestre coulissent l'un contre l'autre et font trembler le sol.
Sur les rives de la baie de
San Francisco, les spécialistes surveillent la faille de San Andreas 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Ici, on est habitué aux secousses régulières générées par les mouvements de la Terre.
La faille fait partie du quotidien des Californiens.
Sur le campus, le géologue
Roland Burgmann enseigne son histoire géologique, mais aussi son avenir.
Car, inexorablement, la Californie se désolidarise du continent au rythme de 5 cm par an.
Dans 1 million d'années, elle sera devenue une île.
- La faille s'est formée il y a 25 millions d'années.
Avant ça, la Californie était une zone de subduction.
Elle est une "faille de décrochement".
Cela veut dire que les plaques qui sont le long de la faille coulissent horizontalement au lieu de passer l'une au-dessus
de l'autre comme dans une zone continue de s'élargir, et il n'y a pas de raison que ça change, le bassin de L.A. se retrouvera au large.
Et ça nous gâchera la vue.
- Glissière grinçante entre 2 plaques de croûte terrestre, la faille a donné naissance à un système complexe de fissures.
Des failles secondaires sont apparues et se combinent dans la région.
Parmi elles, celle dite "de
Hayward", qui s'étire vers l'est, inquiète les sismologues.
Aurélie Guilhem est post-doctorante à Berkeley.
Elle recherche le moindre signe de mouvement le long de cette faille de Hayward.
- Nous sommes dans la ville de Hayward, comme la faille de Hayward, et c'est ici qu'a eu lieu le séisme de 1868.
En plus de ces forts tremblements de terre environ de magnitude 7 sur cette faille, elle entraîne aussi des glissements lents.
Ils peuvent être observés au niveau des trottoirs et par des fissures le long des rues.
Ce trottoir n'a pas été fait de cette façon-là, il était linéaire, mais il a été déformé par la zone de faille qui passe ici.
On voit bien le déplacement des blocs l'un par rapport à l'autre.
Le mouvement que l'on observe correspond à celui de la faille: un mouvement décrochant dextre, ce bloc se propage vers le sud et celui-là, vers le nord.
- Les plaques coulissent ainsi lentement.
Parfois, l'énergie accumulée fait craquer la faille.
C'est la rupture, le tremblement de terre.
Le 18 avril 1906, un autre séisme de magnitude 8,2 a frappé San Francisco.
Il a fait 3 000 victimes et transformé la ville en champ de ruines.
Le même phénomène s'est produit le 17 octobre 1989.
63 personnes moururent, près de 4 000 furent blessées, et le montant à près de 6 milliards.
Aujourd'hui, ce que tous redoutent, c'est le "big one", un méga séisme censé frapper ici dans les 30 ans.
d'une rare violence dont on prédit qu'il entraînera le chaos.
Pour
R. Allen, directeur du laboratoire de sismologie de l'université, les habitants doivent se préparer à un tel scénario catastrophe.
- Personne ne peut prédire le moment où se produira un séisme.
Mais on sait qu'il y en aura plusieurs d'envergure.
Il y a 2 chances sur 3 pour qu'un séisme majeur se produise dans les 30 ans.
On peut construire des bâtiments adaptés.
On peut aussi utiliser les signes précurseurs, les ondes primaires qui sortent d'une faille, pour anticiper les secousses et donner un préavis aux gens.
- Le célèbre pont du Golden Gate sera-t-il capable de résister au "big one" ?
Une chose est sûre: la population doit se préparer à une future tragédie.
Aurélie Guilhem a étudié les conséquences possibles d'un méga séisme.
C'est depuis ce promontoire que l'ampleur des dégâts potentiels est la plus visible.
- Là, on a une vue générale de la faille de Hayward.
Derrière la colline, c'est Berkeley, en face de nous, c'est Oakland.
Au cours d'un séisme, la faille va rompre à cet endroit, et ça aura de sérieuses conséquences.
En bas, on voit un réseau autoroutier, que la faille va couper, la rupture va casser l'autoroute en deux.
On voit aussi que cette région est fortement peuplée.
On a en face de nous une usine d'électricité.
Juste à proximité de la faille, on suppose qu'il peut y avoir des problèmes de production d'électricité dans les semaines, mois qui suivent un futur séisme.
Egalement, on le voit pas ici mais c'est dans la région, il y a des canalisations d'eau allant d'est en ouest, qui donc traversent la faille.
- Lors du séisme de 1906, la rupture des canalisations les pompiers d'éteindre des dizaines d'incendies.
- Si les canalisations d'eau, ici, sont bloquées, coupées, le réseau autoroutier aussi, et l'électricité, interrompue, on peut s'attendre
à une grosse catastrophe naturelle dans cette région peuplée.
- Les experts sont à l'affût de la moindre secousse, prêts à donner l'alerte.
Mais en attendant, la ville conserve son calme.
Comme si toutes les puissantes forces tectoniques ne pouvaient pas abîmer une des plus belles villes du monde.
L'Amérique du Nord telle qu'on la connaît ne représente qu'une étape éphémère dans l'histoire de la planète.
A l'avenir, les colères de la Terre vont continuer de modeler son paysage.
Des séismes, des éruptions risquent un jour de bouleverser le monde vivant.
Dans quelques millions d'années, le continent se déchirera en 2.
La Californie s'élancera dans une longue dérive à travers le Pacifique.
Les forces de la tectonique des plaques n'ont pas fini de sculpter.